Bonheur

Parler de la souffrance...douleur, peine, désespoir, torture, affliction, faiblesse, blessure, déception, mort, déchirement, agonie... Les écrivains sont-ils pris d'aphasie à l'écoute du mot bonheur ? Non, pas tous, Stendhal lui, a été un des seuls à parler du bonheur. Moi-même, je remarque que j'écris plus facilement sous mon chagrin que sous ma joie, peut-être parce que mon rire n'est plus aussi enfantin qu'il l'eut été et qu'il devient peu à peu maléfique... Celui-ci nécessite alors moins de réflexion, même si le bonheur reste à décrire. Mais comment le décrire sans qu'il ne paraisse factice, idyllique ou même utopique ? Pourquoi écrire la souffrance qui est mauvaise plutôt que le bonheur qui lui est magnifique et paisible ? La férocité du malheur est telle qu'une haine est engendrée contre lui, alors, les écrits sur le malheur seraient une façon de le rejeter et de l'expliciter dans la solitude de l'écriture. Le bonheur lui, rejette la solitude. Ceci explique sans doute pourquoi l'être humain, un être solitaire, vit en groupe. Il ne s'agit pas maintenant de décrire le bonheur mais de l'écrire...